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À table Lapingouin

"Vous donc, croissez et multipliez; peuplez en abondance la terre, et multipliez sur elle"

Genèse 9:7

À table Lapingouin, les coupables
Illustrations : Masami Mizusawa
Texte : Carole-Anne Boisseau et Galaxie Vujanic
D’après une idée originale partagée avec Gregory Jouslin et Niko Neki
Genre : Pour les chtites nenfants


Le problème avec les salles d’attente, c’est que le choix de lecture est limité. Comme les derniers essais circuit du nouveau prototype de chez Reutroen m’intéressent autant que les 20 conseils pour retarder l’effet de l’age sur ma peau, ou le mariage de la célèbre Tartenpionne avec le non moins fameux Chemoldu, je me rabats généralement sur la littérature enfantine… Enfin enfantine il faut le dire vite, ou avec un sourire pervers… c’est en tout cas l’impression que me laisse mon dernier livre chez le docteur : A table Lapingouin.

L’illustratrice a un nom à consonance japonaise, le dessin est à première vue mignon, elle, elle dit Kawaï avec une touche artistique en plus -oui parce que votre humble, devoué et efficient serviteur est allé regarder l’interview sur leur site, histoire de faire un travail complet- c’est donc plus proche de Hayao Miazaki que de Eiichiro Oda... Attention, plus proche s’appliquerait de la même façon en comparant la distance Paris-Moscou à celle de Paris-New York, c'est vrai que c'est plus proche mais ça fait quand même une trotte !

Si on y regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit que les personnages et donc leurs dessins impliquent certaines choses un peu étranges… Comme son nom l’indique Lapingouin est le fruit de l’amour entre un pingouin (Papingouin) et une lapine (Malapin) moi je dis pourquoi pas, c’est mignon, mais après il y a d’autres personnages et là ça devient parfois franchement scabreux ! Listons les "copaingouins" comme on dit là-bas -je me suis demandé si c’était une façon détournée de dire qu’ils étaient gay : gouin pouvant être le masculin de gouine- mais on s’égare… Donc dans l’ordre d’apparition

Poussouille un des deux animaux domestiques de Lapingouin, c’est un croisement entre un poussin et une grenouille (le poussin c'est un bébé poulet donc on a affaire à une grenouille pédophile)

Pounoulpe le deuxième « familier » de notre protagoniste hybridé est le résultat d’une aventure sexuelle entre une poule et un poulpe, cette « romance charnelle » a tournée court : trop de prises de becs…

Super-Sushishi, le super héros préféré de Lapingouin, un croisement d’un hippocampe et d’un cheval... Oui l'hippocampe est déjà un cheval de mer, apparemment il voulait devenir vraiment amphibie. Les deux premiers cas étaient un peu étranges mais il n’y avait pas de réels problèmes d'échelle. Mais pour l’hippocampe et le cheval, même si c’était pas vraiment un cheval, juste un poney shetland, le constat demeure sans appel: l’engin de monsieur est plus gros que madame… On en déduit donc que c’était une jument et qu’un hippocampe a fait de la spéléo pour directement aller s’accoupler avec l’ovule dans une sorte de remix animalier de l’aventure intérieure.

Tortuchon un copain d’école de notre héro est un croisement entre une tortue et un cochon bon c'est un peu étrange mais ca passe... la queue en tire-bouchon dans la carapace...

Cherisson, un autre camarade de classe, est le résultat d'une nuit torride entre une chèvre et un hérisson. Au vu de la gueule de l’illustration j’aurais plutôt dit un panda mais je respecte trop les auteurs pour les critiquer… Et là, ça se complique, on a deux difficultés : l'échelle qu'on a déjà vu - donc je n'en parle plus - et la relation à la douleur : grimper sur une hérissonne ça ne doit pas manquer de piquants...

Après, les auteurs s’amusent à inventer des mots qui sont en fait le mélange de deux mots, je vous donne leur plus belle création a propos d'aller voir le docteur pieuvre : « J’aime pas me faire oscultentaculer… ». De toute façon, une aussi grande équipe avec autant de diversité dans les origines, c'est probablement à une partouze de monsieur l’ambassadeur où les drogues étaient distribuées plus que généreusement qu’ils ont fait le brainstorming pour trouver le concept de cette série…

Ok, c’est un livre pour enfant, et je suis méchant d’en faire une lecture adulte voire réservée aux adultes. Les auteurs essayent de faire passer un message : vive la mixité, la diversité, le mélange etc. Pour que les générations futures soient plus ouvertes, tolérantes. Je suis d’accord sur le fond, mais je trouve la forme pas terrible : la comparaison avec les animaux craint. On oublie la notion de race qui est très discutable, on va donc parler d’espèce. Le bouquin met en scène des personnages issus d’union inter-espèces, mais le truc c’est que les humains, qu’ils soient blanc noir ou jaune sont déjà de la même espèce donc ça n’a rien de révolutionnaire qu’ils s’accouplent.

En prenant le parallèle au pied de la lettre, on pourrait croire qu'effectivement nous ne sommes pas tous de la même espèce, mais que c'est bien quand même que des couples mixtes se forment ! Or le bon message est : nous sommes tous de la même espèce, il est donc normal que des individus, quelque soit leur couleur de peau, de cheveux, leur religion forment des couples et procréent (ou adoptent). Bref passons aux...

CERTIF

Personnages : Étranges
Univers : Tordu
Ambiance : Malsaine
Intrigues : Bidon
Action : Naze
Humour : Absent
Style & Ecriture : Faible

Je recommande ce livre à tout le monde, sauf aux enfants, avec ma grille de lecture on passe un bon moment je vous assure... Pour éviter toutes médisances sur des personnes de mon entourage qui dans leur travail ont une salle d'attente, je vous informe que c'est aux urgences ophtalmologiques de l’hôtel dieu que m'a été offert l'immense privilège de lire ce livre "pour enfants". 

À table Lapingouin de Boisseau, Vujanic et Mizusawa. Chez HC éditions
ISBN : 978-2-3572-0118-7

Tout sur cette formidable série : www.lapingouin.com